Un manifeste contre la désinformation
Chers amis,
Je suis furieux. J’en ai assez de cette peste qu’est la désinformation. Ça doit cesser.
Je suis assez vieux pour me souvenir de la naissance d’Internet. C’était magnifique. Un espace libre et sauvage où l’on pouvait partager son savoir, découvrir des œuvres, échanger des fichiers, explorer des recoins inconnus de l’humanité. C’était la promesse devenue réalité.
Mais en chemin, ce rêve nous a été volé.
Au début des années 2000, les entreprises sont arrivées. Là où il y avait un dollar à gagner, elles étaient présentes. De la pub. Toujours plus de pub. Des boutiques partout. Des produits, encore des produits. Puis les journaux ont commencé à mourir. Le vrai journalisme s’est effondré. La vérité elle-même a été reléguée au second plan pour laisser la place à la monétisation.
Personne n’avait demandé ça. Personne ne voulait une information plus médiocre. Personne n’avait supplié pour des « créateurs de contenu » braillant leurs opinions, des influenceurs fourguant leurs produits, ou des multinationales exploitant nos données personnelles pour nous vendre des saletés. Ce que nous voulions, c’était la La vérité.
Et qu’avons-nous eu à la place ?
Une décharge numérique de manipulations. Des plateformes où les mensonges circulent plus vite que les faits. Où Facebook, X et YouTube — pas les journalistes — sont devenus les plus grandes sources d’actualité au monde. Laissez bien ça s’imprimer : aujourd’hui, pour diffuser de la propagande, vous n’avez même plus besoin d’une agence de presse. Il vous suffit d’avoir des abonnés.
Et les choses ne s’améliorent pas. Elles empirent. Bien pire encore.
Les jeunes d’aujourd’hui sont plongés dans ce chaos sans les outils pour y survivre. Les études montrent que la plupart des lycéens sont incapables de distinguer une vraie information d’une fausse. Cela devrait nous terrifier. Moi, ça me terrifie. Et ce n’est pas leur faute — c’est la nôtre. Nous les avons laissés sans défense. Nous leur avons donné l’océan d’informations, sans leur apprendre à s’y orienter.
Est-ce vraiment surprenant, alors, que les charlatans prospèrent ? Que les théories du complot se propagent comme une traînée de poudre ? Que la démocratie elle-même chancelle ? Si nous avons pu inventer l’achat en un clic, pourquoi diable n’avons-nous pas inventé la vérité en un clic ?
Ça doit s’arrêter.
On pourrait croire qu’avec tous les progrès de l’IA, on aurait enfin un moyen de percer le brouillard de la désinformation. J’espérais que les gens se tourneraient vers des outils comme ChatGPT pour vérifier ce qu’ils lisent. Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Ceux qui faisaient déjà leurs recherches les font maintenant plus vite, tandis que ceux qui ne vérifiaient rien ne le font toujours pas. La plupart des gens ne vont pas copier-coller chaque affirmation dans un chatbot. La vraie solution doit être plus simple — utilisable sans même quitter la page qu’on consulte.
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Une première tentative : SourceFinder
C’est pourquoi aujourd’hui je travaille sur SourceFinder: une extension de navigateur.
Surlignez une affirmation. Clic droit. Choisissez « Trouver la source ». La machine s’active, et une fenêtre s’ouvre : voici la source primaire. Voici si c’est un fait ou une fabrication. Voici la vérité.
Et je me fiche de la manière dont l’outil final fonctionnera. Vraiment. Qu’il utilise des LLM, des heuristiques, ou une technologie qui n’existe pas encore. Ce qui compte, c’est qu’il fonctionne. Il ne doit pas s’arrêter à la première référence — il doit aller plus loin. Il doit montrer une carte complète : d’où vient l’information, où elle s’est propagée, qui l’a tordue, qui en a profité, et pourquoi. Un graphe vivant de vérité et de distorsion.
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L’éducation : une boussole perdue
Mais un outil seul ne nous sauvera pas.
Nous devons aussi reconstruire une culture de la pensée critique. Une génération élevée aux flux algorithmiques a appris à nager dans l’océan… sans boussole. Des outils comme SourceFinder doivent aller de pair avec l’éducation — apprendre aux gens à remonter eux-mêmes à la source, à se demander : D’où ça vient ? Qui a intérêt à ce que j’y croie ?
Sinon, nous continuerons à produire des citoyens capables de cliquer, mais incapables de penser.
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Le plus grand défi : une culture de vérité
SourceFinder n’est que la pointe de la lance. Le plus grand défi, c’est ceci : tout le monde doit avoir accès à ces outils et à cet état d’esprit..
• Les enseignants en ont besoin pour former la prochaine génération.
• Les journalistes en ont besoin pour restaurer la confiance et la transparence.
• Les citoyens en ont besoin pour se protéger des manipulations.
• Les enfants en ont besoin pour grandir non seulement connectés, mais éclairés.
Et surtout, il faut changer le flux d’information lui-même. Aujourd’hui, tout est en push: les plateformes nous gavent de colère et de vacarme. Nous devons rétablir le pull: la capacité de chercher la vérité par nous-mêmes, de trouver la source au lieu de se faire gaver de distorsions.
Voilà le rêve plus vaste : pas seulement une extension, mais un basculement culturel, où trouver la source de la vérité devient aussi naturel que de cliquer sur « Partager ».
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Mon engagement
Voici donc mon engagement : je ne resterai pas les bras croisés tandis que les fondations de la pensée critique s’effondrent. J’y consacrerai mon temps, mon énergie, mes ressources. SourceFinder sera construit. Ce sera la graine. Mais au-delà, nous devons nous battre pour l’éducation, pour la culture, pour une nouvelle manière de tirer la vérité dans nos vies au lieu de se faire gaver de mensonges.
Ce n’est pas un projet annexe. C’est une question de survie. Si nous n’agissons pas, nous élèverons des générations manipulables à volonté, et l’avenir de la démocratie, de la science, voire du progrès humain tout entier, sera menacé.
Alors je vous le demande : rejoignez-moi. Avec votre voix, votre soutien, votre conviction que la vérité compte encore. Ne laissons pas Internet devenir le cimetière de la pensée critique. Reprenons-le.
Sincèrement,
Dexter Santucci
Fondateur & CEO, Clever Thinking Software